Jean-Marie Flandin est un explorateur du métal.

"Un autodidacte, qui, depuis une vingtaine d'années, s'enthousiasme pour cette matière si particulière et découvre les multiples facettes de la sculpture.

Au tout début, l'assemblage, évidemment. Morceaux de métal récupérés, parfois lors de longues balades et rapportés à bout de bras puis disposés, soudés ensemble. Premiers pas vers la sculpture métal, qui ne demande qu'un poste à souder et le désir de redessiner l'histoire de ces morceaux d'hier : bouts d'obus, pièces industrielles, anciens outils. Contrairement à nombre de sculpteurs métal, JM Flandin n'est pour autant jamais tombé dans cette facilité inconsistante qui se limite à transformer une pince ou une lime en personnage et de laisser l'apparence de la pince ou de la lime. Ses créations ne font jamais étalage de ce en quoi elles sont faites. Il détourne, réinvente. Personne à part lui ne peut lire dans ses œuvres ce qui les compose. On est happé par la forme, la simplicité de la forme, son épure, et ne vient jamais l'idée de se poser la question de l'origine de la matière.

Amateur d'art, je devrais dire d'arts, car tous les arts l'intéressent : contemporain, moderne, premier, antique... Il explore l'histoire de l'art et enrichit sans cesse son regard, puisant, s'inspirant, découvrant une idée et la poussant jusqu'à prendre forme entre ses mains.

Alors, l'assemblage ne suffit plus. L'envie de modeler, de transformer arrive. Et avec elle, une forge et un découpeur plasma. Cet apprentissage se fait seul encore, en boulimique, dans le plaisir fou de modifier le matériau, de le soumettre peu à peu et tout en se heurtant à la technique. Car malgré l'envie, le plaisir, le métal ne se laisse pas dominer facilement, loin de là.

Peu à peu, l'assemblage évolue donc, car les pièces de métal peuvent être mises² en forme avant d'être soudées. Élargissement des possibles.

L’œuvre de JM Flandin est riche, foisonnante et explore la figuration autant que l'abstraction, le métal brut et poli, le sublime de la rouille et les aplats modernes de couleur. Il tente, teste, fait des séries, avance, repart en arrière.

On est parfois surpris par la nouvelle direction prise, mais lui non. Car il ne se laisse pas guider sur le moment par la matière ou son humeur, au contraire à chaque nouvelle sculpture, il sait ce qu'il va faire. Partant parfois de croquis rapidement biffés, quand il rentre à l'atelier, il sait ce qu'il veut, reste à trouver comment le faire, reste à le faire.

De ses sculptures, on retient une maîtrise de l'espace et des corps. Silhouette en fil de fer ou plaque découpée, la figure est belle, juste. Elle est un corps de femme, un cheval, une main arrachée, un homme lisant, un visage. Une évidence. Alors que souvent seulement quelques détails la signifient, elle devient et existe.

Les plus grandes (parfois plus de 2 mètres de haut) se posent, gestes achevés, dans la nature, appelant les regards, jouant avec la lumière et leurs ombres portées. Les plus petites se posent sur des socles en métal très travaillés, je veux dire qu'ils ne sont absolument pas neutres, elles en sont à la fois sublimées et à la fois en décalage : on sent alors qu'il ne se prend pas au sérieux. Quel sculpteur donne autant d'importance au socle qu'à "ses œuvres" ?

Car il a mis du temps à se sentir artiste, connaissant trop les maîtres, les immenses, il se sentait petit. Mais le regard des autres a changé la vision qu'il avait de son travail et maintenant il expose, il montre, il vend. Mais sans la morgue, ni le sérieux de ceux qui se prétendent artistes. Il crée avec joie, jubilation. Avec plaisir et curiosité.

Il explore."

Justine Flandin, commissaire d'exposition